Eldacre: Prologue.

J'ignore pourquoi je poste ça ici, ou même pourquoi j'ai choisi ce "brouillon" plutôt qu'un autre. Ce n'est pas vraiment le plus "réussi", ou même le style qui me caractérise le mieux. Trop "niais", pas assez percutant.. Enfin, j'ai eu l'impression à certains passages de me trouver face au portrait d'une âme qui m'est chère ... Bien que ce ne soit clairement pas la même personne. Enfin, ne tentons pas d'expliquer les délires de l'inconscient. Il y aura peut-être d'autres "chapitres". Ou peut-être pas. L'avenir nous le dira.
'Til then, try to enjoy =)



"Eldacre" ...


Le nom, qu'il n'avait plus vu ni entendu depuis de nombreuses années réveilla quelque chose en lui. Des fragments d'une autre vie qu'il avait tenté d'enfouir dans les limbes de sa conscience ...
Prononcé d'une voix presque inaudible, perdu au milieu de la rumeur assourdissante qui régnait autour d'eux, le mot avait résonné dans son esprit, agitant toutes ses pensées.
Il ne lui fallut pas plus d'une fraction de seconde pour que tout lui revienne en mémoire.
Il avait tout fait, tout pour éviter d'avoir affaire à son passé, leur passé. Mais il semblait que tôt ou tard, celui-ci devait le rattraper.
En trois syllabes, tous ses efforts pour oublier, sa lutte acharnée contre les souvenirs, son errance à travers les contrats, sa fuite; tout fut balayé.
Son nouvel employeur, le pichet d'uisge qui se trouvait devant lui, et même la taverne dans laquelle ils se trouvaient disparurent, occultés par la force des souvenirs; et sa mémoire envahit ses pensées ...




Une journée ensoleillée, resplendissante, par la chaleur de l'été tout autant que par la douce brise qui soufflait sur la colline où ils étaient tous les deux. Seuls ...
Tarantio était allongé sur l'herbe, sa tête reposant sur les jambes de son aimée.
Un peu plus loin, à l'ombre d'un arbre, les restes de leur repas reposaient sur la serviette que Cordélia avait apportée pour couvrir le panier d'osier plein de victuailles.
Soudainement agitée, la jeune femme se releva et rit en secouant ses cuisses élancées sous sa robe d'un jaune ambré. Ses cheveux encadrant son visage d'ange semblaient capter les rayons de l'astre diurne et les emprisonner.

-Pourquoi ris-tu?

-ta tête est trop lourde, j'ai des picotements dans les jambes.

Son rire cristallin s'éleva de nouveau, et Tarantio se mit également à rire. La bonne humeur de Cordélia était contagieuse. Elle était l'une des rares personnes à pouvoir le dérider ainsi, et elle en était fière.

"Tu es tellement plus beau quand tu souris" lui avait-elle dit.

C'était une pique, et il lui avait répondu en entrant dans son jeu, un sourire sur les lèvres.

-Alors la plupart du temps, je ne te plais pas, hein?

-Oh que non, tu es d'une laideur repoussante!

Et elle s'était enfuie en riant tandis qu'il la pourchassait. L'épisode ne fit que renforcer sa gaieté.


Son visage au-dessus de lui, le jeune homme contempla ses yeux émeraudes.

-Mes yeux me font souffrir ...

Cordélia leva sa tête, et regarda les nuages:

-C'est le soleil, il brille fort aujourd'hui. On devrait peut-être se mettre à l'ombre.

-Non, c'est ta beauté qui m'aveugle ...

La douce sourit en rougissant, et en baissant son regard, elle perçut l'amour qui brillait dans les yeux de celui qu'elle aimait.

-Oh Tio!

Et elle l'embrassa, ses cheveux couvrant leurs visages, comme s'ils voulaient cacher le bonheur du couple à la Nature. Les deux amants s'abandonnèrent à leur passion ...


Deux heures plus tard, les deux jeunes étaient à nouveau allongés. La tête de Cordélia reposait sur la poitrine de Tarantio, et elle jouait avec les boutons de sa chemise pendant qu'il caressait ses cheveux, ses yeux se perdant dans l'immensité bleutée du ciel.

-Je t'aime.

-Moi aussi mon amour, et j'ai peur.

Le jeune homme était surpris.

-Pourquoi donc? Ne sommes-nous pas bien là?

-Si, et c'est justement ça qui me fait peur Tio. J'ai peur parce que ce monde n'aime pas que l'on soit trop heureux.

L'ex-soldat serra l'épaule de la jeune femme dans un geste protecteur, et celle-ci se blottit contre lui.

-Ne t'inquiète pas mon ange, tout ira bien, je te le promets. Et tu sais que je tiens toujours mes promesses.

-Oui mon amour.

Et confiante, elle retrouva son air paisible. Mais il n'avait pas tenu sa promesse, et elle en était morte ...

-Tio, ça te dirait que l'on s'installe dans une maison à nous?

-Bien sûr, mais où? Toutes les villes sont déjà surpeuplées ou trop chères.

-A Eldacre. La ville grandit de jour en jour, et il paraît que sa beauté égale déjà les cités du royaume.

Elle posa la main sur son torse, et prenant appui, elle regarda le visage du jeune homme.

-Maintenant que tu n'as plus d'obligation envers l'armée, on pourrait acheter une maison. Mes parents sont déjà prêts à m'aider, et ils ont des contacts là-bas qui pourraient t'aider à trouver du travail. Tu sais qu'ils t'adorent.

Tarantio sourit, un peu gêné.

-Ils sont trop bons avec moi. Je ne devrais pas accepter.

-Pourquoi pas? Et puis, ça les arrange que tu ne sois plus dans l'armée. Ils ont trop peur que tu ne reviennes pas d'une de tes missions. Et moi aussi d'ailleurs. Tu nous es trop précieux.

-Il n'y a pas de quoi, je ne fais que donner mon humble avis sur certains points. Et puis, je suis dur à tuer, tu le sais bien.

Cordélia lui fit une grimace avant de répondre.

-Si je ne savais pas que c'était vrai, je te prendrais pour un fieffé arrogant.

Elle fit une pause, puis une pensée la fit sourire:

-Tu te rappelles quand je suis venue te voir au bar?

Le jeune homme sourit à l'idée:

-La fois où tu es entrée comme un rayon de soleil? On aurait dit une apparition au milieu de mendiants. J'avais même honte de mon uniforme couvert de poussière.

-J'étais morte de peur! L'endroit empestait la bière, et puis tout le monde me regardait avec un air étrange.

-Eh bien, il faut dire que tu avais bien choisi ton entrée. Il n'y a pas beaucoup de femmes dans l'établissement, à part les serveuses, et aucune d'aussi jolie. Ne rougis pas, c'est la pure vérité. En plus, tu avais mis ta robe neuve, la rouge en satin avec les reflets. Tu n'aurais pas eu plus d'effet sur une horde de taureaux enragés.

- Mais tu étais là; tu m'aurais protégée n'est-ce-pas?

- A vrai dire, je n'ai pas vraiment eu l'impression que tu en avais besoin. D'ailleurs tu ne m'as toujours pas expliqué où tu avais appris à faire cette clé de bras. Ce colosse s'est retrouvé à terre en moins de deux secondes, et tu n'as même pas sourcillé!

L'attitude de la jeune femme se modifia radicalement: perdant son air enjoué et léger, elle prit une expression sérieuse que peu de gens avaient l'occasion de voir.
C'était une des facettes de sa personnalité que Tarantio trouvait fascinante et mystérieuse. D'une certaine manière, elle lui rappelait un vieil ami ...

- Disons que je dispose de plus de ressources qu'il n'y paraît ... Etre fille de bourgeois n'empêche pas de savoir se défendre. Et être issue d'une famille riche augmente étrangement le risque d'être prise en otage en vue d'une rançon ...

Luttant contre d'amers souvenirs issus d'une lointaine époque, le jeune homme refoula les sentiments qui menaçaient de resurgir.

-Je suppose oui ...

Son visage dût trahir ses émotions, car sa compagne s'inquièta soudainement.

-Tio? Tout va bien? Tu sembles troublé ...

-Ca va, rassures-toi Cordélia. L'idée seule de te savoir en danger me rend ainsi ...


La jeune femme sentait que son amant ne lui disait pas tout mais sourit. Elle avait compris, et accepté dès leurs premières rencontres qu'il y avait une part de Ténèbres enfouies chez Tarantio. Un passé obscur qu'il s'efforçait d'oublier. Cordélia n'abordait jamais le sujet, respectant la volonté de celui qui représentait tout à ses yeux. Chacun portait en soi une certaine obscurité, et elle avait appris assez jeune qu'il était bon de laisser celle-ci en paix. Redoutant un silence pesant, elle fut soulagé de ne pas avoir à intervenir quand le jeune homme prit la parole.

-C'est d'accord.

-D'accord pour quoi? demanda la jeune femme.

-D'accord pour quoi? demanda son employeur.

Tarantio releva la tête et regarda son interlocuteur. Aussitôt, la rumeur assourdissante qui emplissait la taverne reparut, ainsi que l'odeur acre de la sueur et de l'alcool. Le temps venait de reprendre son cours.

-Pour Eldacre.

-Parfait! Je savais que je pourrais compter sur vous Tarantio. Aucune de mes relations n'a tari d'éloges sur vos compétences ...A part les pauvres gars qui se trouvaient sur votre chemin. Quoi qu'il en soit, tous s'accordent à dire que vous faites partie des meilleurs candidats pour ce genre de ...requête.

Le mercenaire ne répondit pas, hochant simplement la tête.

-Maintenant, en ce qui concerne le prix ...

-2000 raqs d'argent.

L'homme eut un sursaut.

-2000! N'importe qui accepterait de remplir ce contrat pour le quart de cette somme! A ce prix là je pourrais engager une dizaine d'hommes!

Le parjure se pencha vers son employeur, sa voix se faisant basse et menaçante:

-Ecoute-moi bien marchand. Je ne suis pas n'importe qui. Si tu t'es renseigné sur moi alors tu sais que je ne me contente pas de "faire partie des meilleurs". Pour ce type d'opération, je suis le meilleur.
Et effectivement, à ce prix tu pourrais bien engager douze hommes armés et entraînés. Mais douze hommes ne parviendraient pas à franchir ne serait-ce que le périmètre de sécurité du bastion sans perdre le tier de leurs effectifs. Alors en ce qui concerne l'extraction de ton "colis" en toute discrétion ...

Le commerçant se tortilla nerveusement sur sa chaise, tentant d'échapper au regard menaçant du jeune homme.

-2000 raqs d'argent alors ...

-La moitié payable immédiatement.

Cette fois l'employeur ne discuta pas. Il décrocha une borse à sa ceinture et la posa au centre de la table, et s'éclaircit la voix pour tenter de se donner un minimum de contenance.

-Très bien, mais à ce prix j'exige que tout se passe parfaitement. Pas le moindre accroc, et aucune preuve qui puisse remonter jusqu'à moi. Je veux que la mission se déroule dans la discrétion la plus totale.

Le jeune homme répondit avec un air narquois:

-Cela me semblait être une évidence ...

Et sans un mot de plus, il se leva, empocha la bourse, et se dirigea vers la sortie.
Son employeur l'appela une dernière fois.

-Qu'allez-vous faire avec cet argent?

Tarantio ne prit pas la peine de se retourner. Souriant, il lui donna sa réponse:

-J'ai des affaires à règler là-bas ...

Et il sortit, s'enfonçant dans la nuit profonde.


To Be Continued

2 commentaire(s):

Elsa. a dit…

C'est chouette d'avoir continué. :)

Di$ident a dit…

Merci =) Il faut dire que j'avais de l'inspi' et une raison de continuer ;)

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